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Les facteurs qui agissent sur la croissance de l'herbe sont principalement le déficit hydrique (rapport entre pluviométrie et évapotranspiration), la température (réchauffement) et de la teneur de l'air en CO2, toutes choses en rapport avec le changement climatique en cours.

Selon le jeu d'interactions entre ces différents facteurs, l'évolution du climat fait que la biomasse végétale produite peut augmenter dans certaines régions (Nord humide, Sud irrigué) tandis qu'elle diminue dans d'autres (Sud sec). Cependant, le changement climatique s'accompagne également d'une remontée en latitude de la limite du gradient climatique Sud/Nord dans le temps, ce qui fait que les régions "Nord-gagnantes" dans un premier temps peuvent devenir "Sud-perdantes" dans un second temps de la transition.

Dans le grand Sud de la France, la transition climatique en cours de type "tempéré/méditerranéen" s'accompagne d'une forte diminution de la production fourragère estivale, voire de sa disparition à la fin du siècle actuel. Parallèlement, la production fourragère augmente sur la période septembre-avril, en lien avec des cycles de l'herbe plus précoces au printemps et plus tardifs à l'automne. Une autre caractéristique de cette période climatique transitoire est la grande variabilité interannuelle de cette production, ce qui constitue une difficulté majeure pour les exploitations agricoles qui doivent inscrire la gestion de ces aléas climatiques et fourragers dans leur fonctionnement d'exploitation.

Plus concrètement, sur la période 1980-2008, cette transition climatique à l’œuvre dans le grand Sud de la France s'accompagne d'un avancement de la précocité de l'herbe en sortie d'hiver/printemps, sous l'effet de l'augmentation de la température, qui est par exemple estimé à 13 jours en moyenne sur Rhône-Alpes. On évalue que la production d'herbe a augmenté ainsi de 25% au printemps (effet température) tandis qu'elle a chuté de 28% en été (effet sécheresse). Globalement, la production d'herbe calculée sur l'année a diminué de 11% en 30 ans mais le phénomène le plus important est le changement de la structure annuelle de cette production (répartition entre printemps/été/automne/hiver). Ce changement de répartition de la production de fourrage sur les saisons demande nécessairement de revoir et d'adapter les systèmes d'alimentation des animaux.

Les leviers d'action de cette adaptation des systèmes d'élevage passe par une anticipation accrue des crises estivales et par une meilleure valorisation des nouvelles possibilités ouvertes au printemps et à l'automne : gestion des stocks fourragers, chargement animal par hectare, gestion de la fauche et de la pâture, irrigation, nouvelles cultures, adaptations variétales des prairies semées... Le projet Climfourel a conduit des expérimentations sur l'implantation de variétés méditerranéennes dans les prairies qui ont l'avantage d'être tolérantes à la sécheresse (dormance estivale permettant de survivre en été) et d'assurer une croissance soutenue à l'automne, en hiver et au printemps.

Tous ces différents éléments sont repris de façon détaillée et argumentée dans un diaporama très complet qui permet de s'approprier ces notions (télécharger ici).

Un format Poster permet de faire un zoom sur l'avancement des stades de développement des prairies par rapport à leurs différentes utilisations (mise à l'herbe, fauche précoce ou tardive) et sur les pratiques innovantes qui se développent dans les exploitations pour s'adapter à ces nouvelles règles du jeu (introduction du méteil, de prairies multi-espèces, de cultures dérobées...).

Ces nouvelles pratiques font l'objet d'illustrations et de témoignages dans l'article de cette rubrique consacré à l'adaptation des exploitations au changement climatique.